ÉCHANGISME ET LIBERTÉ SOCIALE DE L'INDIVIDU

<<je ne fais pourtant de tort à personne en suivant mon ch'min de petit bonhomme,        

mais les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux>>

GEORGES BRASSENS : ''La mauvaise réputation''

Il y a neuf ans, le premier mars 1999,la police de la C.U.M. intervenait à l’ORAGE, un club de rencontres pour échangistes. La descente des forces de l’ordre surprenait une quarantaine de personnes présentes sur les lieux, mais pas les journalistes, qui informés de l’événement ont retransmis dès le lendemain sur tous nos écrans les épisodes de cette soirée mouvementée pour ces couples, qui auraient préféré plus de discrétion.

Le droit, le devoir d’informer est une liberté qu’il faut défendre ; c’est indéniable, mais tout aussi fondamental est le droit à la protection de la vie privée. Nous estimons que dans cette affaire, les journalistes plus épris de sensationnalisme et d’images chocs, ont gravement bafoué le respect le plus élémentaire de ce droit.

En filmant ces citoyens qui venaient d’être humiliés par une arrestation, dont l’avenir dira bientôt quels sont exactement les délits qui leur sont reprochés, la télévision leur a donné en prime, la possibilité d’être reconnus par des proches : Parents, enfants, amis ou collègues de travail. …

Un genre de consécration en quelque sorte.

Or, que reprochons-nous à ces individus étranges qui, semblent-ils, vivent la nuit, ne se déplacent qu’en troupeaux, dont la progression est constamment ralentie par des copulations sporadiques, se déclenchant de façon toute aussi inopinée (si vous nous permettez l’expression) qu’indécente ?

Quel crime ont-ils commis, pour que la police et la télévision mettent ces animaux nocturnes sous le feu des projecteurs et des caméras, en les livrant ensuite à la vindicte populaire et aux trompettes de la moralité de notre société bien pensante et bien agissante ?

Le procès en cours tentera de nous le dévoiler, mais il est de plus en plus évident maintenant, qu’il ne s’agira pas du procès de l’échangisme, encore moins de celui des échangistes, tant il est acquit que, de plus en plus d’individus reconnaissent les valeurs qui font l’essence de ce mouvement. Ne voir que la liberté sexuelle qui anime un couple échangiste et ne retenir de surcroît que la caricature d’une des multiples manières de vivre cette liberté est totalement réducteur.

Nous nous acheminons plutôt vers un débat de société dont la question est de déterminer si, oui ou non, notre société  québécoise est prête à accepter qu’en son sein existent des individus qui de temps en temps se retrouvent ensemble dans des endroits privés et discrets, entre adultes majeurs, éclairés et consentants, qu’occasionnellement les rapports entre ces individus peuvent également être de nature sexuelle.

Ce sont là, des notions de choix individuel regardant la vie privée de chacun. Et même  si certains de ces choix peuvent paraître singuliers pour beaucoup de monde, il n’en demeure pas moins vrai que le phénomène existe depuis la nuit des temps. Il n’appartient pas à la collectivité de le juger, par contre, son attitude à son égard sera révélatrice de la capacité de tolérance de notre société et de ses possibilités de concevoir la différence culturelle non pas comme une menace pour son uniformité, mais bien comme un pluralisme indispensable à l’expression d’une saine démocratie.

Ce droit à la différence, nous le revendiquons ; en plaidant unanimement non coupables aux accusations, les couples arrêtés le 1^er mars 1998, dont nous faisons partie, ont démontré qu’ils assumaient entièrement le choix de vie conjugale qui est le nôtre.

Nous donnons entière confiance aux tribunaux qui vont statuer dans cette affaire quant à l’application des lois. Pour ce qui est des mentalités, partant du constat que c’est souvent l’ignorance qui est à la base de l’exclusion, nous avons souhaité exprimer notre position, ce qui à notre connaissance, n’a pas été réalisé jusqu’à présent, bien que les couples aient  été aux premières loges depuis le début. Alors, sortant de la discrétion habituellement de mise dans le milieu, avant tout par respect pour les personnes qui ne partagent pas notre passion, nous avons choisi de créer un site personnel pour nous adresser à vous.

Notre but est de démystifier le phénomène du couple non conformiste que l'on observe de  plus en plus, de prodiguer les quelques conseils que nous permettent notre expérience personnelle. Mais avant de commencer, si ces conseils s’adressent à tous, tout le monde peut-il pour autant devenir échangiste ?

Nous répondons non, car il est évident qu’un couple doit avoir cheminé psychologiquement, chaque partenaire ayant déjà travaillé sur lui-même avant de se pencher sur sa relation de couple. Il faut bien se rendre compte que, dans une soirée échangiste, les participants évoluent dans un bain sensoriel tel, qu’ils sont littéralement bercés par une ambiance intense, érotisant l’atmosphère. La passion, la tendresse ne sont jamais absentes dans ces rencontres et, chaque personne éprouve une charge émotive énorme dans ce contexte si particulier. Si un couple ne possède pas les qualités permettant la confiance et la complicité nécessaire entre eux, leur union peut imploser immédiatement ou se dégrader rapidement à la suite  d’une de ces expériences à laquelle ils n’étaient pas bien préparés.

La première condition est donc la solidité des liens affectifs unissant les deux partenaires. C’est souvent une cause d’étonnement pour les couples traditionnels quand ils découvrent l’Amour profond, l’estime réciproque, le respect mutuel rassemblant un couple adepte de l’échangisme.

La complicité, issue de l’harmonie qui règne dans ce genre de rapport entre deux êtres n’est certes pas exclusive aux échangistes, heureusement, mais c’est la condition première incontournable pour que s’établisse ensuite une concertation entre les deux conjoints envisageant d’ouvrir leur couple à l’aventure qui leur permettra d’avancer ensemble sur le chemin de son exploration sensuelle commune.

Ici encore, la décision de franchir le grand pas du partage de son conjoint se prend à deux c’est impératif. D’ailleurs tout couple dont l’un des conjoints subit le choix de l’autre sans vraiment adhérer, est immédiatement repéré par les habitués du milieu échangiste, pour qui la liberté de choisir son mode de vie passe avant tout et doit être mûrit individuellement sans aucune pression extérieure. Comme nous l’évoquions un peu plus haut, ces échangistes ont beaucoup travaillés individuellement, si bien qu’ils développent un genre d’expertise, de 6ieme sens pour tout ce qui concerne le mécanisme complexe de la psychologie humaine. Il ne faut donc pas s’étonner s’ils ont très vite fait de se faire une idée sur les gens qu’ils rencontrent, l’assurance d’avoir affaire à un couple d’une parfaite maturité affective, est un bon indice d’entente, par contre ceux chez en qui nous pensons ressentir des tensions ou des problèmes de communications partent avec un handicap, nous incitant à la prudence - ce qui est tout à fait compréhensible.

Par contre, pour un couple uni, nourri par une relation basée sur le respect, la franchise et le dialogue et si les deux le souhaitent, l’ouverture à d’autres partenaires sexuels peut devenir l’expérience la plus inoubliable et la plus enrichissante qu’il lui soit donné de vivre. A ce titre, beaucoup de nos amis pensent que les premières rencontres libérées qu’ils ont faites, ont été ressenties quasiment comme un genre de rite de passage, une initiation amoureuse émouvante qui les ont rapprochés encore plus intensément de leur conjoint. Nous pouvons confirmer que nous aussi, nous avons ressenti cette osmose entre nous, à l’occasion de notre première expérience d’échange il y a plus d'une vingtaine d’années, nous étions alors tout jeunes mariés, nous avions 19-20 ans, nous étions purs et un peu naïfs, et, … Nous ne nous attendions absolument pas à ce qui allait nous arriver !